Pr Abou Kane, Agrégé d’Economie et Assesseur de la FASEG (UCAD): «Devrait-on s’attendre à une contraction des interventions de l’Etat.. »

Eco-Finance

A votre connaissance le Sénégal est-il le seul pays de l’Uemoa à prévoir une croissance négative?

Non à part le Sénégal il y a la Guinée Bissau qui avait déjà prévu une croissance négative lorsque nous estimions notre taux à 1,1% (avant de le revoir à -0,7%). Bien avant la crise politique au Mali le taux de croissance prévu pour 2020 était de 0,9% mais il faudra s’attendre à un croissance négative. Le Niger qui n’était pas dans une situation confortable aussi pourrait bien enregistrer une croissance négative comme le Sénégal.

Quelles seront les conséquences d’une récession économique pour notre pays ?

Une récession peut avoir des conséquences néfastes comme la frilosité des investisseurs et la baisse des recettes de l’Etat puisque les impôts et taxes dépendent du niveau d’activité. Aussi devrait-on s’attendre à une contraction des interventions de l’Etat en termes de subventions et d’investissements structurants. Le fardeau de la dette va aussi être plus lourd puisque nous aurons de plus en plus de mal à honorer le service de la dette.

Heureusement cette récession est due à la pandémie qui n’épargne aucun pays; ce qui a l’avantage de permettre un retour des investisseurs et une reprise normale dès la fin de la crise sanitaire.

Quels seront les secteurs les plus impactés ?

Les secteurs les plus touchés sont: la pêche (avec de fortes baisses des exportations), le tourisme et particulièrement l’hébergement et la restauration ainsi que le commerce. L’agriculture est moins ébranlée et on peut même espérer de bonnes récoltes qui pourront nous permettre de sauver la face. Cependant il faut dire que les chiffres de l’agriculture (hausse de la production) cachent souvent la réalité moins reluisante de la situation des agriculteurs qui sont dépouillés par des opérateurs économiques qui interviennent dans la chaîne avec les semences et les engrais. C’est un chantier auquel l’Etat devra s’attaquer.

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