Présidentielle en France: l’avenir des grands partis traditionnels en question

Politique

Le premier tour de l’élection présidentielle révèle un fait inédit dans l’histoire politique de la France. En effet, c’est la première fois sous la 5ème que la droite n’est pas qualifiée au second tour des élections présidentielles. Au moment où le parti socialiste engrange  un score humiliant et chaotique de 6%. Une donne qui semble sonner le glas des grands partis traditionnels qui luttent aujourd’hui pour leur survie.

Abdoul Aziz AGNE, correspondant Permanent en France

Le second tour de l’élection présidentielle en France cache mal la déroute de la droite et de la gauche. Deux partis traditionnels qui ont toujours rythmé le champ politique au pays de De Gaulle. D’ailleurs, fait inédit, pour la première, la droite représentée par Les Républicains, n’est pas qualifiée au second tour.

Mais toujours est-il que  l’heure est au décompte et aux règlements de compte au sein du parti socialiste et chez les Républicains.  Le Comité politique crée par François FILLON soutenu par  Gérard LARCHER, le Président du Sénat, a failli imploser ce lundi lors d’une rencontre d’urgence convoquée par les instances du parti. Les jeunes caciques du parti Les Républicains, à l’image de Laurent WAUQUIEZ et de François BAROIN, trouvent que le moment est venu pour prendre les rênes du parti. Cette ligne de la droite populaire parrainée par l’ancien Président Nicolas SARKOY, veut renouer le parti avec ses idéologies initiales, en faisant barrage au Front National.

Conscient de sa responsabilité dans la déroute du ¨parti, François FILLON a pris les devants pour s’arroger entièrement la faute. Son entêtement imperturbable décrié par une bonne partie de ses soutiens qui l’ont quitté en pleine campagne électorale, se trouve au centre de toutes les tractations. « Notre parti a subi un échec du à la personnalité de notre candidat », lance amère Alain JUPPE au lendemain de la publication des résultats du premier tour. Des propos qui en disent long sur l’ambiance qui règne aujourd’hui chez Les Républicains. Car les divergences sont tellement vivaces qu’elles déteignent sur le choix entre les deux candidats qualifiés au second tour.

Après l’annonce de François FILLON qui compte voter pour Emmanuel MACRON au second tour, plusieurs voix se sont levées pour afficher leur propension vers le Front National. Mais en réalité, les divisions au sein de la droite remontent à 2012, lors du bras de fer  d’une rare violence entre François FILLON et Jean – François Copé autour de la présidence de l’UMP. Et dans cet imbroglio politique, la reprise en main du parti par Nicolas SARKOZY élu en novembre 2014 à la tête de l’UMP, avait fini par produire un camp hostile dirigé par Alain JUPPE.

Au lendemain de la débâcle historique de leur parti, les ténors de la droite savent que le vrai débat tourne autour de la survie de leur parti. Seul maître mot, sauver les meubles pour avoir la tête hors de l’eau lors de prochaines élections législatives.

Au parti socialiste, la réalité est toute autre. La fronde menée par les partisans de la restauration des vraies valeurs de gauche face à Manuel Valls, a fini par donner un candidat dont l’envergure ne correspondait pas réellement à la carrure d’un président de la République. Benoit HAMON sorti victorieux des primaires, fait le vide autour de lui au fur et à mesure que le vote du premier tour s’approchait. Les partisans de l’ancien Premier ministre lui ont reproché de n’avoir pas été assez rassembleur. Et le choix de Manuel VALLS de voter Emmanuel MACRON au premier tour était sans conteste le coup de Jarnac porté au candidat du parti socialiste.

Dans tous les cas, l’absence de ces deux partis traditionnels annonce une recomposition du landerneau politique français. Les contextes ayant donné naissance à leur idéologie, ne correspondent plus forcément aux nouveaux enjeux du moment. Et le chaos dont ils vont difficilement se relever après FILLON et HAMON oblige ces deux partis à s’ouvrir aux autres pour pouvoir continuer à compter dans le champ politique français.

Mais avec un MACRON incarnant une nouvelle ligne politique synthétique et une LEPEN peaufinant un nationalisme « patriotique » face une Europe en déliquescence, le sursaut risque d’être difficile pour les vieux partis dits traditionnels.

 

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