Par Moussa BEYE
Enfin les électeurs se sont prononcés après moult reports des élections locales. Le résultat des urnes est sans appel, YAW coalition de l’opposition la plus dynamique, la plus cohérente et la plus offensive avec des personnalités fortes en est sortie victorieuse. Une soif de victoire pas complètement étanchée d’ailleurs.
Félicitations pour cette belle dynamique qui a suscité d’énormes sacrifices afin de garder cette unité et un esprit de combativité qui sont admirables. C’est là une confirmation que l’union est devenue vitale pour l’opposition. Une confirmation particulièrement pour PASTEF dans sa percée continue qui fait de ce parti une véritable locomotive de cette opposition là.
Il faudra continuer à rassembler davantage sur des bases plus inclusives et plus sincères en faisant autant que se peut abstraction des égos souvent sur dimensionnés de nos hommes politiques toutes tendances confondues. Le Sénégal dépasse leurs “petites personnes”, les sénégalais le réclament et ils méritent mieux.
La défaite de Benno Bok Yakar, est sans aucun doute celle de Macky Sall intuitu personae, ce Chef de clans qui avait demandé à ce que tous ses soldats restent au garde à vous et même d’arrêter de respirer en attendant qu’il définisse la stratégie et fasse le choix des femmes et des hommes. Il faut avouer qu’il avait reçu, du moins il s’était donné carte blanche.
Ses outils d’appréciation n’ont rien de scientifique, ni de rationnel, et ne répondent à aucun code de procédures préalablement défini, si ce n’est son humeur et ses désirs souvent insensés. L’apnée a été de longue durée, une véritable torture, il fallait du coffre pour tenir, surtout en eaux troubles, mais également il fallait bénéficier de la grâce du chef qui ne reposait pas nécessairement sur les bons états de service, dans le sens républicain, on s’entend bien.
Sans nous appesantir sur ses choix, qui étaient souvent foncièrement contre le bon sens et contre toute logique en ne prenant pas en compte les aspirations d’une coalition, entité regroupant un ensemble de partis politiques divers et variés. Comment de son palais il s’imaginait imposer des choix d’hommes et de femmes à la place de la base, des militants de son parti, et de sa coalition.
À quel moment il apprend de ses erreurs? Le déni permanent peut-il être un mode de gouvernance? Que dire des événements de Février-Mars 2021 qui ont complètement secoué les fondements de cette république? Quels sont les enseignements qui en sont ressortis? Voilà une bonne opportunité manquée. La lucidité requise aurait permis sans doute des réajustements nécessaires.
Et un parti avec un tant soit peu de vision et un leadership éclairé aurait pris les décisions certes douloureuses, mais utiles et salvatrices pour sa survie et pour le pays. Le parti au pouvoir avait la chance au besoin de redresser la barre afin de mieux faire face à de telles échéances, franchement l’arrogance, l’aveuglement et le déni vous ont conduit dans cette impasse.
L’autocritique, tout comme l’écoute n’ont jamais été vos points forts, loin s’en faut, malheureusement. Ce qui est dommage, ce sont les sénégalais qui en payent le prix. N’est-ce pas là un aveu d’un parti qui reste avec des pratiques archaïques du secteur informel et d’une coalition sans aucune démocratie interne, sans âme, ni aucun dénominateur commun, si ce n’est la possibilité de se torpiller entre soi afin de pouvoir jouir des pré bandes du pouvoir ?
“Je vous ai compris avait-il balancé, et on a eu un court moment d’hésitation comme s’il fallait lui accorder le bénéfice du doute… Même ce postulat est faux, avec une absence de sincérité outrancière. La boulimie du pouvoir cumulée à l’absence de courage dans les rangs, sans compter l’inexistence de structures crédibles avec un mécanisme d’alerte et de correction digne de ce nom ont fait place à un homme qui décide de tout …. Et il ne s’est pas gêné le pauvre!
Disons-le encore franchement et sans aucune forme d’ambiguïté, cette défaite est celle de Macky Sall. À force de repousser les élections, de malmener le calendrier républicain, de piétiner les institutions de la république, de bafouer la dignité des sénégalais, de cautionner des pratiques contraires à la bonne morale, illégales voire anticonstitutionnelles en désacralisant l’Etat qui a perdu et de sa superbe et de sa substance.
Il ne faut pas s’étonner de cette aspiration à la respiration démocratique, tant l’étouffement était à son paroxysme. Comment on peut réussir à sacrifier et son parti et sa coalition, leur amputant cette part de régénération et surtout de manquer cette vision de se faire survivre par sa formation politique.
Vous l’avez ainsi privé de cette faculté en emportant comme un bateau ivre l’espoir de ceux qui étaient dévoués dans vos rangs avec des perspectives de continuer le travail.
Rendons grâce au Seigneur en rendant malgré tout hommage au peuple pour qui il nous arrive tous de nous interroger sur sa capacité à encaisser qui frôle souvent l’insouciance, le désintéressement et la lâcheté à bien des égards.
Ce peuple, malgré sa grande capacité d’acceptation a fait preuve de patience et d’endurance. Pour dire qu’il y’a ici des signes qui peuvent être positivement interprétés comme des éléments prouvant leur attachement à la paix, à la démocratie, ce caractère républicain. Et à ce titre, il a attendu le moment opportun pour exprimer de façon extrêmement civilisée, courtoise et démocratique son refus d’un système hideux de gestion amorale et aucun esprit tant soi peu raisonnable ne peut cautionner.
Dieu merci, il n’y a pas eu cette violence tant redoutée. Et dire que ce peuple avait toutes les raisons de s’exprimer avec violence tant il en a ravalé des vertes et des pas mûres. Avaler autant de couleuvres et parvenir à rester aussi zen, j’en reste interloqué…
Ces résultats sont la réponse à ceux-là qui pensaient que “… ces élections seront locales que de nom…” un véritable coup de frein à l’ambition démesurée de cette quête permanente d’un troisième mandat. Puisque que” ce sont des élections politiques et nationales” du moins c’est ce que l’éminence grise du palais a déclaré urbi et orbi a en faisant une échéance déterminante qui dicterait la suite… la logique au regard des résultats voudrait qu’on organise une cérémonie nationale d’enterrement des ambitions moralement interdites en plus d’être anticonstitutionnelles. Le peuple a tranché! À moins de devoir confirmer avec les législatives prochaines.
La victoire, étape décisive a été arrachée de haute lutte. Cette coalition, malgré des débuts assez difficiles, ne semble pas avoir atteint sa vitesse de croisière. Quand on comprend le degré élevé d’exaspération des sénégalais, l’on peut légitimement espérer des victoires éclatantes dans l’avenir. Pour cela, la consolidation est extrêmement importante. Il faudra rassurer par des actes palpables en choisissant des collaborateurs exemplaires exempts de tout reproche, mener une gestion transparente et surtout éviter autant que se peut la politique politicienne tant décriée.
L’euphorie de la victoire est compréhensible, elle est même humaine. Il ne faudrait surtout pas tomber dans les mauvaises pratiques tant décriées et éviter surtout qu’on vous entende sur des querelles de partage des postes ou autres avantages, une bonne façon de polluer le début d’un mandat, par conséquent de faire place à la mauvaise perception. L’arrogance est à proscrire, pour avoir regardé certaines émissions, ce caractère transparaît et ce serait ne pas rendre service à sa formation politique surtout quand on a des leaders qui font des efforts énormes dans ce sens.
Alors ma question à Mahmouth Saleh qui du pouvoir ou de l’opposition a enterré l’autre?
