Toutes conditions sont réunies pour une saison hivernale volcanique pour Macky Sall.
L’été ou plutôt la saison des pluies s’annonce difficile pour le président de la République, pour dire le moins. Car toutes les conditions sont réunies pour une saison hivernale explosive pour Macky Sall. Déjà, il est incapable d’éteindre le feu allumé par le scandale Pétrotim qui a éclaboussé et balayé son propre frère, Aliou Sall, et qui risque de rendre le reste son quinquennat très difficile.
L’opposition et la société civile regroupées autour du mouvement Aar Li nu bokk se sont inscrites dans une logique de radicalisation avec des manifestations tous les vendredis jusqu’au rapatriement de l’argent «volé », l’arrestation et le jugement de toutes les personnes impliquées dans cette affaire et la renégociation des contrats pétroliers et gaziers. Et ce n’est pas le limogeage d’Aliou Sall qui va refroidir leurs ardeurs.
Le Chef de l’Etat doit faire face également à une hausse des prix hydrocarbures. Les institutions financières et les bailleurs de fonds avaient sommé le président Macky Sall d’appliquer la vérité des prix et de cesser de subventionner les produits de consommation courante. Mais, eu égard au contexte politique avec l’élection présidentielle, le Chef de l’Etat, candidat à sa propre succession, avait refusé d’obéir aux injonctions des bailleurs. Car appliquer la vérité des prix à cette période était pour lui synonyme de défaite électorale et de mort politique. Maintenant que le scrutin est derrière lui et qu’il a été réélu, il est obligé maintenant de mettre fin, ou à défaut de réduire drastiquement les subventions, pour se conformer aux exigences des bailleurs de fonds et des standards sous régionaux internationaux.
D’ailleurs, qu’il le désire ou non, Macky Sall n’a plus le choix. Les caisses de l’Etat ne sont plus au beau fixe et le fonds de stabilisation des prix des hydrocarbures serait épuisé, selon un universitaire. Ce dernier soutient que le gouvernement prépare l’opinion à l’éventualité de la hausse du prix des hydrocarbures et c’est pourquoi il annonce une hausse du prix du baril de pétrole sur le marché mondial.
Toujours est-il que cette hausse va entraîner automatiquement un renchérissement du coût de la vie, alors que aujourd’hui, beaucoup de Sénégalais vivent dans la précarité. En mars 2018, la délégation à la sécurité alimentaire tirait la sonnette d’alarme, affirmant que c’est près de 300 mille Sénégalais qui étaient menacés de famine dans les zones à risque, essentiellement le nord, le nord-est et le centre du Sénégal. La région de Matam attend le plus rapidement possible une aide d’urgence pour éviter le pire, selon la Délégation.
En effet, avec cette hausse, tous les prix de consommation courante, en particuliers ceux du prix du transport, de l’eau, de l’électricité, du riz, etc vont connaître une augmentation. Ce qui va rendre beaucoup plus difficile le quotidien des Sénégalais et augmenter leur mécontentement. En effet, eu égard aux contradictions dans la stratégie de défense du pouvoir, beaucoup de Sénégalais semblent être convaincus par les révélations de la chaîne anglaise BBC, de Sonko, d’Abdoul Mbaye, du député Mamadou Lamine Diallo, de Thierno Alassane Sall, etc.
Aliou Sall l’a d’ailleurs reconnu à demi-mot dans sa lettre de démission de la Caisse de dépôts et consignations. «En effet, cette campagne présente l’autre (moi en l’occurrence), comme l’ennemi public numéro un, et elle se donne les moyens de faire mouche parce qu’elle finit de prendre le visage de la vérité à force de travestir les faits les uns après les autres. Elle joue également de manière indécente sur la corde sensible de populations qui se battent au quotidien pour vivre voire pour survivre», avait-il déclaré.
Il reste maintenant au président Macky Sall à prier pour que l’hivernage se déroule normalement avec une bonne pluviométrie surtout à l’intérieur du pays. Car, en cas d’inondations dans les zones à risque comme Dakar, Saint-Louis, Touba ou ailleurs, les sinistrés ne manqueront pas de lui rappeler que les 10 milliards de dollars, soit 400 mille francs pour chaque citoyen, que son frère a fait perdre au Sénégal, pouvaient largement permettre, s’ils étaient investis dans le pays, de mettre définitivement fin à ces inondations récurrentes.