La dette publique totale a bondi à 80,8 % du PIB en 2023, contre 76,0 % en 2022, et le Sénégal reste exposé à un risque modéré de surendettement externe et global, avec une capacité très limitée à absorber les chocs. Cette augmentation est principalement due au surfinancement du budget 2023 à 4,6 % du PIB.
Celui-ci a été adopté au début de 2024, en particulier autour de l’élection présidentielle, en tant que stratégie de la dette destinée à se protéger des potentiels problèmes de financement visant à assurer le bon fonctionnement de l’administration ainsi que le paiement du service de la dette en temps opportun entre janvier et avril 2024. Cette stratégie a contribué à l’augmentation du niveau de la dette en 2023. Avec une dette extérieure estimée à 60,0 % du PIB en 2023, la dépréciation du franc CFA par rapport au dollar US a entraîné une réévaluation de la valeur en francs CFA de l’encours de la dette extérieure et ainsi contribué à augmenter le service de la dette extérieure.
Selon la dernière analyse conjointe de la viabilité de la dette réalisée par la Banque mondiale et le FMI (juin 2023), le profil de la dette est vulnérable à un ralentissement de la croissance économique et à une détérioration des conditions extérieures. Les indicateurs de la dette extérieure restent pour la plupart inférieurs à leurs seuils dans le scénario de référence – à l’exception d’un dépassement marginal ponctuel en 2026 pour l’indicateur de service de la dette par rapport aux exportations.
Toutefois, dans les analyses de sensibilité, les quatre indicateurs de risque de la dette extérieure dépassent leur seuil. La valeur actuelle de la dette publique par rapport au PIB dépasse marginalement le seuil de risque en 2023 dans le scénario de référence, tandis que la valeur actuelle de la dette par rapport aux recettes devrait progressivement diminuer.
Selon sa stratégie de gestion de la dette à moyen terme, le Sénégal a l’intention de réorienter de plus en plus le financement du marché vers le marché régional en raison du resserrement des conditions de financement sur le marché obligataire international, avec une décennie de taux d’intérêt monétaires élevés dans les économies avancées.14 Sur l’encours total de la dette publique du Sénégal en 2023, 20,8 % du PIB sont estimés pour la dette intérieure (contre 19,6 % en 2022) et 60,0 % pour la dette extérieure (contre 56,5 % en 2022). Pour réduire les vulnérabilités de la dette, le Sénégal a entrepris des opérations de gestion de la dette visant à atténuer les risques associés au profil de la dette extérieure et ne prévoit pas de faire appel au marché obligataire international à court terme.
Le service de la dette a augmenté.
Les paiements d’intérêts sur la dette publique ont augmenté pour atteindre 3,1 % en 2023 par rapport 2.2 % en 2022, en raison de l’augmentation des paiements d’intérêts sur la dette extérieure (+52 %) et intérieure (+29 %). Pour faire face aux obligations de la dette existante, le Sénégal a alloué un budget supplémentaire au paiement des intérêts de la dette en 2023.
En outre, l’augmentation des emprunts des entreprises publiques a contribué à l’escalade des niveaux d’endettement de ces dernières dus aux investissements substantiels financés par la dette, y compris les dépenses de PETROSEN visant à soutenir l’industrie des hydrocarbures du Sénégal. Enfin, les mesures prises par le gouvernement pour soutenir le pouvoir d’achat des entreprises et des ménages se sont élevées à 113 milliards de francs CFA en 2023 (0,6 % du PIB) et ont aggravé le déficit budgétaire en 2023. Le service de la dette devrait rester important, en moyenne à plus de 30 % des recettes totales et des dons au cours des cinq prochaines années.