Sénégal-transport aérien-Vendre l’avion présidentiel pour sauver Air Sénégal

Sénégal-transport aérien: le diagnostic et les remèdes pour Air Sénégal SA

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Par Xavier Diatta

Hier je lisais sur Senenews qu’un changement de Directeur serait intervenu à Air Sénégal SA. J’étais quelque peu dubitatif car un peu plus tôt, j’avais suivi à la RTS1, le Compte rendu du Conseil des Ministres au JT de 20 h et je n’en avais pas entendu parler. Ce matin, on m’a confirmé qu’aucune assemblée générale de la société n’avait eu lieu dans la journée d’hier. Donc j’en conclu que ce ne fut qu’une fausse information.

Mais en attendant je vous livre mon analyse de la situation économique de la compagnie. Je vais essayer d’éviter les termes techniques pour la bonne compréhension de mon texte. Je ne trahirai pas de secret en affirmant malheureusement que notre compagnie traverse une phase très délicate. Très endettée auprès de plusieurs fournisseurs aussi bien nationaux qu’internationaux.

Je le disais dans mes post précédents que l’exploitation d’une compagnie relève d’une parfaite connaissance du métier. On peut mettre à la tête de la compagnie, le meilleur expert financier ou managérial ou même aéronautique, si ce dernier n’a pas suivi une formation dédiée, beaucoup de ressources seront perdues (énergie, argent et matériel).

Juste une problématique qui mine notre compagnie. Juste une seule car il en y a bien d’autres. L’actuelle équipe a cru bien faire en ouvrant la ligne Dakar-Cotonou-Libreville-Douala. Une ligne que desservait ASI avec beaucoup de succès et de rentrée d’argent. Mais ASI avait une autre approche que la présente notamment avec des avions différents et une bonne segmentation du trajet. J’y reviens plus loin.

Un avion n’est performant que lorsque les couts d’exploitation et des maintenances (curatives et préventives) sont maitrisés. Car en plus des interventions planifiées, des pannes peuvent survenir en tout temps et en tout lieu. Mais d’ores et déjà une exploitation maitrisée prend en compte de manière proactive trois butées ou rendez vous obligatoires:

-La butée calendaire dépendant de l’âge de tous les accessoires et équipements de l’avion.

-La butée Horaire dépendant du nombre d’heures de vols effectués

-La butée Cyclique dépendant du nombre d’atterrissages.

Sur le trajet annoncé plus haut nous avons 8 cycles (décollages et atterrissages) par voyage. Ce qui suppose que si vous avez une maintenance à faire pour 1000H de vol, vous êtes obligés de la faire à 800heures car vous avez plus de cycles que prévu dans l’intervalle de temps. L’avion sera mobilisé plusieurs fois au lieu d’une.

De plus le passager qui quitte Dakar pour Douala vous coutera un plus cher en termes de prise en charge à bord (rafraichissement et de repas). Ce que le citoyen ignore c’est qu’Air Sénégal SA traverse en ce moment une crise de crédibilité financière à l’international. Les pleins en carburant et tous les services associés sont payés cash par l’entremise de la SMCADY (pour le carburant) qui doit délivrer aux équipages des bons garantissant que le fuel est déjà payé ou alors, les équipages sont obligés d’embarquer plus de carburant qu’ils n’en ont besoin.

Pour les autres charges, on en vient même quelques fois à prendre la recette de l’escale pour faire face aux charges ponctuelles. Et bien des fois, les équipages sont obligés de prendre plus de carburant pour ne pas avoir à faire du refuelling à l’étranger. Vous comprendrez aisément que transporter du carburant dont on en n’a pas besoin sur un trajet ait un cout car impactant directement la consommation de l’avion compte tenu du poids additionnel. Enfin autre chose importante, le rooting ou le trajet que les avions empruntent d’un point A à un point B, pour payer moins de charge de FIR (Espace aérien).

Pour notre trajet Dakar-Cotonou- Libreville-Douala, les équipages sont obligés de prendre un trajet plus long en passant par le Mali au lieu de passer par la cote atlantique en traversant la Guinée, la Sierra Léone et le Liberia. Seulement voilà ces pays ne sont pas dans la même zone ASECNA que le Sénégal ou le Mali. Les couts de survol se révélant dispendieux, nos équipages sont contraints à prendre des routes détournées en consommant plus de carburant, plus de potentiel et plus d’énergie.

Mes recommandations:

1- Mieux étudier les trajets en fonction des couts et du choix des appareils.

2- Casser le Drylease des A319 et A321 et les retourner là où ils ont été ressuscités.

3- Recapitaliser la Compagnie

4-Faire un appel à candidature pour tous les postes de commandement et recruter les jeunes qui ont des expertises et qui veulent prouver. Leur imposer un contrat de performance bien limité dans le temps.

5- La plus douloureuse, ramener le ratio personnel/ avion.

Aujourd’hui la compagnie a plus de personnel qu’elle n’en a besoin.

6-Que l’Etat fasse confiance aux jeunes.

Il se susurre que des gens de ma génération font le pied de grue chez les décideurs pour éventuellement se voir confier la compagnie. Ce serait une erreur de casting. Nous n’avons même pas besoin de faire partie d’une quelconque liste, juste faire des contributions publiques que ces jeunes pourront lire et éventuellement exploiter. Ils pourraient compter sur l’expertise et l’expérience de notre génération sans qu’on ait besoin de rémunérer qui que ce soit.

A tous ces anciens, engageons-nous pour notre compagnie. Il y va de l’image du Sénégal. Enfin, remercier tous ces assistants techniques dont on n’a plus besoin.

 

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