Par Comité de Veille des Sereer-Noon de Thiès
La plus grande contradiction de notre époque est celle du déphasage entre la décision, voire la vision du dirigeant ou encore de l’Autorité (locale et parfois, déconcentrée) et le besoin crucial d’un cadre de vie sain pour le citoyen. La contradiction est surtout exacerbée, frisant parfois le ridicule, lorsque l’on se rend compte que l’Autorité semble ignorer qu’elle est autant exposée aux dangers émanant de la détérioration de l’environnement qui pourtant, la loge, la nourrit et la blanchit. Notre relation avec la nature, il faut la comprendre une bonne fois, est une relation de dépendance. Nous aurons beau la transformer ou essayer de la maîtriser, cela n‘altère en rien notre position de dépendance à son égard. Autant en prendre soin !
En réalité, les ressources naturelles d’une localité comprennent le sol (terre), les eaux, les plantes, les animaux et les minéraux. La recherche de meilleures conditions de vie passe par des activités exercées par les hommes pour la transformation de ce capital ou potentiel que constituent ces ressources naturelles en biens de consommation servant de déterminant de base à long terme pour un développement et une croissance.
Si le moyen de l’outil de transformation de ces ressources naturelles est et demeure la technique, le problème clé devient la recherche d’un équilibre entre la technique et la nature qui sécrète ces ressources, autrement dit il faut trouver un compromis entre les « en faveur » des ressources naturelles et parfois au dépend de la technique qui doit forcément s’adapter mais pas l’inverse. Cette attitude de protection de l’environnement et de l’écologie trouve son explication dans le fait que ces ressources naturelles sont des dons de la nature qui demandent simplement à être bien gérés afin de maintenir un certain équilibre avec une amélioration des conditions de vie des populations actuelles et celles des générations futures.
En conséquence, le bradage du littoral et des espaces cultivables dont dépendent les vaillants et dignes paysans, le morcellement des espaces verts, la déforestation, la destruction des écosystèmes etc. incitent à se poser la question centrale : Et nos enfants et petits-enfants, bref notre descendance, dans tout cela ? Thiès, et en particulier Thiès Nord est un exemple patent de l’indifférence des Autorités Locales en vers ces enjeux environnementaux et cela au grand détriment des citoyens et en particulier les générations futures. Leur bien-être passe au second plan aux yeux des autorités concernées.
Le moindre mal
Comment un proviseur sortant, à l’insu de ses collaborateurs, peut-il porter un projet aux antipodes des principes de développement durable ? Comment peut-on procéder au morcellement de la devanture du lycée technique Mgr François Xavier NDIONE pour y construire des maisons (actuellement) et cela au vu et au su de tout le monde ? Comment peut-on, toujours sous l’impulsion d’un proviseur sortant, affecter à une poignée d’intéressés le terrain longeant le Canal (entre le canal et le Lycée Technique) alors que, pendant ce temps, des centaines de jeunes (parfois des enfants), dans le souci d’améliorer leur santé y font du sport et s’aventurent même sur le boulevard menant à la ZAC en faisant leur jogging quotidien ? Ces jeunes, soyez en avertis, s’exposent au quotidien aux dangers que constituent les voitures, les motos Jakarta, les troupeaux de bœufs (traversant la route). Si les jeunes sont exposés à un tel niveau de risque, que dire des personnes âgées qui y font de la marche ou celles qui désirent simplement se dégourdir les jambes ?
Le contraste est flagrant et ne pas s’en apercevoir, en tant qu’Autorité, relève soit de l’ignorance (ce qui peut arriver mais qui demeure une incompétence et nécessiterait une rectification au plus vite) soit d’une intention malveillante bien murie mais qui laissera une empreinte bien laide au fort relent de politique politicienne. Et d’ailleurs, ces parcelles ont commencé à être mises en vente comme en témoigne la photo ci-dessus. Cela ne devrait pas les suspendre. Alors comment l’impertinence du proviseur a-t-elle pu contaminer l’Autorité locale ? Ou est-ce le contraire ? Tant de questions que la population riveraine se pose car ayant été laissée en rade et mise devant le fait accompli (l’impact social négatif)
Le pire
En outre, un autre danger, peut-être moins visible pour l’Autorité mais, encore plus élevé est le Canal. Le Canal, parlons-en ! Long de plusieurs kilomètres (de Thiès Noon à Pognine en passant par la base militaire, les quartiers Diakhao, Grand Thialy, Gambia, Thionah, Thiapong, Nasrou) ce Canal évacue la majorité des eaux de pluies provenant d’une partie de la forêt classée de Pout car, il faut le préciser, la ville de Thiès est nichée dans une cuvette. Eh bien, faites-y une petite promenade et constatez l’état de délabrement de cette infrastructure fondamentale qui, depuis son aménagement il y a plus d’une trentaine d’années n’a jamais été l’objet de réhabilitation sérieuse. C’est de l’immobilisme. Les berges s’effritent davantage et le canal perd de sa profondeur vu le sable qui s’y amasse sans compter les déchets que l’on y déverse et ceux que les eaux de pluies drainent.
Il faut savoir que la principale cause de la dégradation du Canal et de son environnement immédiat est l’érosion. En d’autres termes, c’est le détachement de fragments ou de particules de sol ou de roches ou même de béton de la berge de leur emplacement initial par l’eau ou par d’autres agents géologiques tel que le vent. L’érosion peut être soit d’origine géologique (érosion géologique), soit d’origine humaine (érosion accélérée ou érosion des sols). L’érosion géologique est un phénomène naturel qui a façonnée la surface de la terre ou de la berge au cours des âges. L’érosion accélérée dues aux diverses activités humaines tendent à modifier les phénomènes d’érosion et accélérant souvent leur rythme.
Dans la plupart des cas, les phénomènes d’érosions sont fortement influencés par l’homme. En beaucoup de lieux, l’érosion due à l’homme est prédominante par rapport celle d’origine géologique.
De ce fait, les pressions directes sur les ressources naturelles et les écosystèmes dues aux activités humaines telles que le surpâturage, la surexploitation des terres et le déboisement vont conduire à une réduction du couvert végétal, exposant les sols vulnérables à l’érosion (du fait de leur manque de cohésion) et par voie de conséquences affectent les berges d’un Canal à ciel ouvert depuis plus de 30 ans et qui se transforme de jour en jour en ouvrage présentant des risques d’éboulement, d’effondrement et/ou de ruine inquiétants.
En effet la faible teneur en matières organiques (absence de cohésion satisfaisante du sol) et la faible stabilité structurelle du canal vu son âge avancé et sans réhabilitation (point à temps) depuis sa construction, entraîne un déficit en éléments nutritifs et une capacité insuffisante de rétention des eaux, d’où une réduction de l’efficacité du canal en plus du fait que ce dernier est devenu un dépotoir d’ordures qui ne cessent de relever le plafond du canal et donc réduit sa capacité de drainage. La conséquence redoutée est que ces ordures obstruant les voies de drainage des eaux, ajoutées à l’érosion et à la faiblesse des talus devant servir de support au canal reviennent à une inondation ou éboulement ou effondrement de l’ouvrage. Ce qui serait désastreux en premier lieu pour la population de Thionah Sérére qui est la plus proche (à cinq mètres du canal).
En outre, comme pour persévérer dans cette ignorance, un promoteur du nom de K. SY, voulant s’approprier de l’autre côté du canal (réservé pour un boulevard) s’est débarrassé de la bande de sable qui constituait une sorte de barrière naturelle contre tout débordement du canal. N’eut été l’opposition des riverains par l’entremise du Comité de Veille des Noons de Thiès, la DSCOS et l’intervention du receveur des impôts, en l’occurrence Monsieur Djiby SY, cet endroit aurait été transformé en bâtiments. Il ne manquait au promoteur que l’autorisation de construction. N’empêche, toute la zone allant de grand Thialy à Thionah en passant par Petit Thialy, Gambia, Thialaw Niary Gouy, Abattoir est désormais plus qu’exposée dans la mesure où toute la bande de sable (la barrière) n’y figure plus, ayant été transportée on ne sait où par le promoteur en question.
En clair, l‘intention était donc de morceler les deux cotés longeant le Canal (de Thionah à Grand Thialy). Cela vient confirmer que l’activité humaine et en particulier la surexploitation des terres est le plus grand mal de notre époque. Il est donc temps que toute cette gabegie foncière cesse et que la conscience écologique prime sur l’intérêt personnel et que l’on replace le citoyen ainsi que son environnement au cœur de la gestion de la chose publique.
L’enjeu écologique
En lieu et place du morcellement de la partie se trouvant entre le Canal et le Lycée Technique, la population de Thiès Nord et en particulier les jeunes et les riverains s’attendent à l’étude de l’aménagement d’un GRAND PARC SPORTIF digne de ce nom et bien reboisé qui permettra de faire du sport en toute sécurité. Nous en voulons un à l’instar du Bois de Boulogne à Paris ou du Central Park (voir photo ci-dessous) à New York et toute la jeunesse thièssoise et en particulier celle de Thiès Nord sera mobilisée à cet effet. Nous avons donc besoin, Messieurs les Maires, de grands espaces verts qui nous permettraient de respirer de l’air « pur » et de nous y détendre avec nos familles. Un leader se doit d’avoir une vision environnementale. Alors ne nous « étouffez » pas avec cette approche « tout béton » qui a fini de montrer ces limites ailleurs. « L’homme intelligent apprend de ses erreurs, l’homme sage apprend des erreurs des autres ».
Nous nous opposons à ce projet et ne laisserons pas l’avenir de nos enfants être assombri par l’impact négatif d’une décision émergée car n’ayant pas fait l’objet de concertation avec les riverains, ce qui constitue d’ailleurs un manque de respect notoire à leur égard pour des gens dont les champs servent actuellement d’équipements publics pour le bien de tous. L’on ne saurait tolérer ce manque de respect. Nous ne vous laisserons plus gérer cette ville comme bon vous semble.
Toutefois, une approche responsable a été entreprise par le nouveau proviseur du lycée technique Monseigneur François Xavier NDIONE en l’occurrence Monsieur Souleymane TOURE, qui évidemment n’était pas présent lors de la planification de ce scandale environnemental, et qui a non seulement exprimé sa pondération face à l’exploitation des parcelles qui leur sont affectées mais mieux, a sensibilisé le Lamane (chef de quartier et gardien de la culture) de cette localité, son conseil et le Comité de veille des Sérères Noon de Thiès des opportunités de formations exclusivement offertes à la population riveraine, opportunités qu’elle ignorait d’ailleurs…Nous espérons que cette logique positive de Monsieur TOURE sera inscrite dans la durée. Nous y veillerons.
L’enjeu est donc environnemental, mieux il est vital. Messieurs, l’heure est à la proactivité et non à la réactivité. L’heure est à la gestion rationnelle des ressources. Soyez en averti car, les hommes passent mais les institutions demeurent et tout ce qu’y sera érigé pourrait être démoli par une autorité avertie et imprégnée des enjeux vitaux du moment et nous y travaillerons d’arrache-pied. Notre mission est de défendre l’intérêt général pour le bien de tous les habitants concernés, quels que soient leur provenance et appartenances ethniques ou religieux.
De même, en lieu et place de cette surexploitation des terres de cette localité, nous souhaitons la réhabilitation du Canal qui, déjà en délabrement, risque de subir et de faire subir les conséquences néfastes de cette surexploitation foncière. De la même manière, tous les canaux devraient être réhabilités afin de prévenir les inondations et autres catastrophes, comme c’est toujours le cas dans certaines parties de la ville de Thiès. Vous êtes tenus de veiller à cela afin de protéger la population thièssoise de la même manière que vous vous protégez, vous et vos familles respectives.
Monsieur le Maire de la commune de Thiès Nord, la gestion du canal relève-t-elle de vos compétences ? Si oui, soyez averti du risque encouru par les riverains de toute cette zone. Soyez averti de ce manquement de la même manière que Monsieur le Procureur est en train d’en être informé à travers ces lignes, en cas de dommage grave. Vous saurez lire entre les lignes.
En effet, nous savons pertinemment qu’atteindre un équilibre entre l’environnement, la société et l’économie s’avère essentiel pour un développement qui répond aux besoins du présent sans compromettre la capacité des générations futures à répondre aux leurs. Le développement durable en tant que finalité repose sur l’équilibre de ces trois piliers. Alors de grâce, Chères Autorités, ne jouez pas à vouloir déséquilibrer ce système qui est sensé demeurer immuable car au moment où tous les projets dignes de ce nom sont accompagnés obligatoirement d’études d’impact environnementales et font surtout l’objet de concertation avec la population concernée, vous vous s’empressez de vouloir brader cette ressource (les terres).
Chers habitants de Thiès et au-delà, le bien-être n’est pas négociable car relevant de l’évidence. C’est vital. Mais si ce bon sens ou encore ce minimum n’est pas une priorité de l’Autorité, alors exigeons le d’elle quand même. Exigeons des cadres vivables pour le bien-être de toutes et de tous. Exigeons la « renaturation » des villes à travers de grands espaces verts garants d’avantages écologiques majeurs tels que la réduction de la pollution, de flux de chaleur, des inondations. C’est de cette façon que la santé physique et mentale des populations en serait améliorée.
Nous invitons toute ONG ou personne ressource soucieuse d’enjeux environnementaux afin que le boulevard soit réalisé ; que le canal soit réhabilité et que le parc sportif soit aménagé. Voilà une importante infrastructure qui sera écologique et stratégique pour le bien de toute la population. Nous invitons tout citoyen ou acteur pertinent soucieux de l’environnement et de la santé dans ce combat et en particulier le Ministère de la Santé et de l’Action Sociale, le Ministère de l‘Environnement et Monsieur le Gouverneur de Thiès